La passion du process industriel

 

Broyeurs mélangeuses, refroidisseurs, extrudeur et presse à granulés n’ont pas de secret pour l’entreprise Seter, spécialisée dans la construction de ligne de fabrication d’aliment pour animaux. Distributeur exclusif du matériel Van Aarsen pour la France, l’entreprise Seter conçoit, fabrique et installe également sa propre gamme d’équipements. Rencontre avec un spécialiste du process industriel.

« Les machines, c’est le coeur battant de l’usine, annonce d’emblée Philippe Allard. Performance et fiabilité doivent être au rendez-vous ». Depuis 2011, il dirige, avec sa femme Véronique Allard, la société Seter (Société d’étude technique et réalisation) basée au Fuilet dans le Maine-et-Loire. « Alors que nous étions sous-traitant pour des prestation de tôleries, de chaudronnerie et pour la fabrication de petit matériel, bus avons eu l’opportunité de racheter l’entreprise créée en 1989 par George Grillot, une figure bien connue du secteur de l’alimentation animale. »

Avec l’arrivée des nouveaux propriétaires, l’entreprise a pris un nouveau tournant. « Les méthodes de travail ont changé, avec sans doute plus de professionnalisme et des ambitions plus grandes. Pour le reste, nous continuons à fabriquer le matériel qui a fait réputation de la marque Seter« , explique Philippe Allard. La nutrition animale représente le cœur du métier de Seter, avec des solutions conçues sur-mesure allant de la fourniture de pièces détachées jusqu’à la mise en place de lignes de fabrication complète. « La grande majorité de notre chiffre d’affaires est réalisée avec l’activité nutrition animale. Nous sommes également fabricants et installateurs de silos destinés au stockage de céréales. L’avantage de ces deux orientations, est de pouvoir compléter l’emploi du temps des ateliers lorsque le pic d’activité en nutrition animale est passé », commente le chef d’entreprise. Le site du Fuilet occupe 40 salariés à plein-temps, dont 10 tôliers et chaudronniers qui travaillent à l’atelier . Le bureau d’étude compte désormais quatre dessinateurs , dont Philipe Allard lui-même. « Pour les projets les plus complexes je veille au grain, s’amuse-t-il. J’ai passé 15 ans dans les ateliers comme tôlier. J’en ai gardé une vison très pratique  de la fabrication, qui l’aide beaucoup dans la conception. »

 

S’agrandir pour se développer

Depuis le début du mois d’août, Seter dispose d’un nouveau site à Romagné, à quelques kilomètres de Fougères en Ille-et Vilaine (35). « Avec le développement de l’activité, on commençait à se sentir à l’étroit », concède Véronique Allard, en charge des relations clients. Mais Seter y voit également un moyen d’être plus proche de ses clients. « La situation est idéale, avec de grands axes de communication à proximité. Les nouveaux locaux nous permettront par ailleurs d’accueillir  nos clients dans de meilleures conditions. » Pour l’heure, le grand hall attenant aux bureaux semble encore bien vide. « On est encore dans les cartons mais à terme, le site de Romagné sera dédié à l’assemblage des pièces fabriquées dans les ateliers angevins. » Si les locaux s’agrandissent, les moyens humains ne sont pas en reste. Seter a récemment embauché un monteur, un chaudronnier, une secrétaire et un technico-commercial en la personne de Daniel Gardan. « Ce n’est qu’un début, prévient Philippe Allard. D’autres recrutements sont à l’ordre du jour, en particulier pour renforcer l’équipe de dessinateurs industriels du groupe. »

 

Van Aarsen, un leader sur qui s’appuyer

Le meilleur atout de Seter, c’est certainement son partenariat avec l’un de tout premiers équipementiers présent sur la scène internationale : le groupe néerlandais Van Aarsen. « La fine fleur du matériel industriel que l’on trouve dans les usines d’aliments, apprécie Daniel Gardan, et de poursuivre : Seter est le distributeur exclusif de leur outils de production tels que les presses, broyeurs, mélangeurs, etc. pour la France. Nous croyons beaucoup au potentiel de ce matériel, raison pour laquelle nous avons fait le choix de nous associer avec cette entreprise. L’expertise de cette marque en matière de broyage et de granulation fait autorité. Le fait que la production de machines soit assurée aux Pays-bas constitue également un gage de qualité quand d’autres marques n’hésitent pas à délocaliser la fabrication des machines. » Parmi de nombreuses références, Frank Vossen, directeur régional du marché nutrition animale chez Van Aarsen, met en avant la dernière grosse commande honorée par l’équipementier en Suède. « Une usine complète de haut niveau. C’est sans doute l’un des plus beaux projets réalisé ces dernières années en Europe Occidentale », fait-il remarquer.

 

Conception hors standard

En France, les presses, les mélangeuses et mélasseurs, installés par Seter sont donc exclusivement issus du savoir-faire Van Aarsen. « Seter se charge de faire tout ce qu’il y a autour, en fonction des besoins exprimés par les clients. Nous avons aussi notre propre gamme de matériel pour le dosage, la manutention, le broyage, le conditionnement, le chargement, etc. Avec les années d’expérience, on apprend à marier les différents éléments d’une même ligne de production pour un fonctionnement optimal ». Les construction d’usines complètes sont rares, pour ne pas dire exceptionnelles. Dans ces conditions, le renouvellement des machines principales qui arrivent en fin de vie, constitue le principal marché pour les équipements. Seter y trouve pourtant son compte. « Il s’agit souvent d’installer des équipements neufs en lieu et place de l’ancien. Les contraintes d’espace et d’accessibilité nous obligent à faire preuve d’inventivité dans l’expression de notre savoir-faire. Le hors standard, c’est notre quotidien », résume Daniel Gardan. Face à une concurrence composée d’entreprises de taille importante, Seter est parfois seul à répondre aux appels d’offres. « C’est parfois la machine qui doit être adaptée à son environnement. Il faut alors repenser certains éléments, quitte à revoir en profondeur certaines machines. Offrir des solutions personnalisées c’est un effort que tous les équipementiers/ensembliers ne sont pas prêts à consentir. » En parallèle de ces « moutons à cinq pattes », Seter pilote régulièrement la conception et la réalisation de lignes complètes de granulation et d’extrusion, avec des chantiers qui s’étalent parfois sur plusieurs mois. « Nous sommes capables de suivre des projets de l’évaluation des besoins de l’usine jusqu’à la mise en route de l’installation », conclut Daniel Gardan pour qui l’adaptabilité est la première force de Seter. Mais encore faut-il trouver du personnel de qualité.

 

Transmission du savoir-faire

« C’est devenu un véritable enjeu dans nos métiers, regrette Véronique Allard. Les candidats à ces postes, qui exigent savoir-faire et motivation, ne se bousculent pas ». Pourtant, le travail ne manque pas d’intérêt. A l’atelier par exemple, les techniciens réalisent des machines de A à Z. Pour Philippe Allard, voir naître une nouvelle machine garde quelque chose d’exaltant : « Il faut des compétences transversales, en tôlerie, en chaudronnerie industrielle, mais en mécanique générale et en électrotechnique. Dans cette activité, il n’y a pas de place pour la routine. » C’est certainement les équipes de monteurs qui sont les plus difficiles à recruter. Seter couvre toute la France, avec des chantiers qui peuvent durer un certain temps. Les monteurs sont contraints de se déplacer sur de longues distances et pendant des période qui peuvent être longues. « Ces métiers sont exigeants, mais la difficultés pour trouver du personnel qualifié ne concernent pas que nos activités. Tous les métiers manuels et industriels y sont confrontés » note Véronique Allard. Pour y pallier, Seter forme en interne des apprentis aux spécificités de la nutrition animale. « Les jeunes sont au contact des plus expérimentés pour que le savoir-faire de transmette entre génération. C’est ainsi à l’atelier comme au bureau d’étude », ajoute Philippe Allard, qui souligne le côté intergénérationnel du personnel de Seter.

Reste que l’entreprise affiche des résultats encourageants. « Une belle dynamique que nous souhaitons entretenir étape par étape, sans jamais perdre de vue l’essentiel : répondre aux besoins de nos clients », conclut-il.

 

Source : Olivier Wendling, Seter La passion du process industriel, La revue de l’alimentation animale. Septembre 2014. Mensuel n°679. p48-53