50 millions d’euros dans une usine à Kalmar
Les usines d’aliments du bétail neuves se font rares en Europe. Le groupe coopératif suédois Kalmar Lantmän vient de réaliser un investissement de 50 millions d’euros pour construire une usine sur la côte sud-est du pays, en lieu et place de deux anciens outils de production. Un projet mené par Van Aarsen qui a fait visiter, cet été, ce vaisseau amiral posé sur les rives d’un détroit au sud de la mer Baltique.
L’affaire remonte à 2009 quand l’équipementier hollandais Van Aarsen a invité ses clients scandinaves à visiter l’usine de Satarehu nouvellement implantée en Finlande. Cette année-là, la coopérative suédoise Kalmar Lantmän décide de construire un nouvel outil pour remplacer ces deux usines voisines située sur le port de Kalmar, dans la province de Smaland, au sud-est du pays.
« La coopérative Kalmar Lantmän compte 1846 adhérents, dans le sud de la Suède et représente un chiffre d’affaires de 140 millions d’euros, présente Rejne Erixon, responsable de production des usines d’aliments de Kalmar Lantmän. Nos deux usines étaient situées sur la zone portuaire de Kalmar et produisaient au total 244 000 t d’aliments par an, en 3×8 à un rythme de 7 jours par semaine. Nous étions totalement saturés. » Les usines produisent environ 100 000 t d’aliments pour bovins, autant pour les volailles et 44 000 t d’aliments pour porcs. La coopérative affiche une part de marché de 80% dans le sud du pays : les concurrents sont éloignés et les frais d’approche sont rédhibitoires. « Notre première usine datait des années 1960 ; une suivante était venue la compléter dans les années 1980. Nous avions spécialisé la première en porcs et volailles, la seconde pour les ruminants, rappelle Rejne Erixon. Mais nos besoins évoluaient : notre activité volaille avait beaucoup progressé, passant de 32 000 t dans les années 1980 à 100 000 t en 2010 ; le profil des élevages laitiers a beaucoup changé : nous nourrissons le même nombre de vaches qu’il y a 25 ans mais la taille moyenne des exploitations est passée de 25 vaches à 100 vaches, entraînant des bouleversements dans les modes d’alimentation, notamment une croissance de la part des concentrés dans les rations. »
De plus, les usines sont proches de la ville, de l’université et du monument historique du château de Kalmar. La coopérative faisait donc face à des exigences environnementales et sociétales fortes. D’autant que la place est comptée : le port n’est pas extensible et Kalmar Lantmän n’envisageait pas de déménager : une partie de ses approvisionnements se fait par la mer. Les outils de réception des matières premières et de stockage devaient pouvoir être réutilisées et connectées à la nouvelle usine.
« En juin 2010, Kalmar Lantmän a retenu notre projet, parmi 3 autres compagnies capables de réaliser un chantier de cette envergure, explique Hans van der Weijden, responsable commercial chez Van Aarsen. Nous avons privilégié le projet présenté par Van Aarsen car il était compact : l’usine occupait un espace au sol inférieur d’un tiers aux projets concurrents. Nous avons également pris en considération le choix des machines qui permettait de réduire le coût de l’investissement à la tonne produite. Enfin, Van Aarsen est une entreprise de petite taille qui répondait à notre culture de prise de décision rapide, en dehors des comportements bureaucratiques. »
Le bureau d’étude Van Aarsen a conduit le projet depuis le début de la conception jusqu’aux finalisations de la construction. « C’est une décision que nous ne regrettons pas car ce sont les mêmes ingénieurs qui ont imaginé les plans, conduit la construction et mis en œuvre les outils. De fait, il y a eu très peu de changement entre le projet initial et sa concrétisation. »
Vingt-quatre mois de chantier
Le projet a été signé en février 2012 (représentant la commande indépendante la plus importante jamais signée par Van Aarsen) et le chantier a démarré en avril 2012. Vingt-quatre mois plus tard, en avril 2014, l’usine était inaugurée officiellement par le prince Carl Philip de Suède. « Le chantier ne s’est jamais arrêté, quelles que furent les conditions climatiques », rappelle Piet van Bommel, responsable commercial chez Van Aarsen.
La construction des fosses de réception et les fondations ont été engagées en premier et puis l’usine est sortie véritablement de terre à partir d’octobre. Les machines ont été installées à chaque niveau à mesure de l’élévation du bâtiment. L’installation fut hors d’eau et hors d’air en mai 2013. Après une période de rodage, l’usine a désormais atteint son rythme de croisière pour produire 245 000 t/an en 3×8 mais en seulement 5 jours par semaine : « Notre capacité de production est de 100 t d’aliment/h. Nous avons gagné en souplesse, reconnaît Rejne Erixon. D’autant que nous sommes passés de deux équipes de production à une seule. L’usine fonctionne avec deux opérateurs en journée, un seul la nuit. Le pilotage peut se faire depuis une tablette dans les différents étages grâce à la couverture wifi du site ; l’opérateur n’a pas besoin de retourner dans le poste de contrôle. »
L’usine dispose de 5 lignes de production, complètement autonomes. « Nous avons été particulièrement vigilants sur le contrôle de l’hygiène, poursuit Rejne Erixon. Les presse à granulés comme les mélangeurs, sont installés chacun dans une pièce séparée et physiquement isolée afin d’éviter toute contamination croisée. » La Suède a adopté des règlements spécifiques concernant l’hygiénisation et chaque ligne de granulation est équipée d’un hygiéniseur.
L’usine fonctionne en prébroyage et dispose de 2 broyeurs à marteaux, dotés de changement automatique de grilles et d’un broyeur à cylindre pour certaines formules volailles. Les matières premières sont stockées dans 52 cellules de dosage. « Tous les silos de stockage intermédiaires, les bacs et les mélangeuses sont équipés de dispositifs de pesage, explique Hans van der Weijden. Cela permet aux opérateurs de savoir à tout moment où sont les matières premières en cours de transformation dans le process, ainsi que de contrôler les niveaux de stock. » Tous les composants d’une formule peuvent être pesés de manière simultanée.
L’usine dispose de 5 mélangeurs, chacun connecté à une ligne de granulation, puis de 5 refroidisseurs. Chaque ligne dispose d’une unité d’enrobage afin de rajouter des liquides soit sur les granulés froids, soit à chaud selon la résistance à la chaleur des liquides utilisés. L’installation d’une 6e ligne a été entièrement anticipée.
Un émietteur et un tamiseur sont dédiés à la fabrication des aliments spécifiques des volailles. L’usine compte 96 silos de produits finis et 3 postes de chargement dont un dédié à l’aliment bovin.
Au final, Kalmar Lantmän se dit « ravi de la qualité de l’outil et de l’investissement engagé ». Van Aarsen estime avoir livré un équipement mettant en oeuvre les dernières connaissances en termes d’industrie de l’alimentation animale : « Hygiène, sécurité, automatisation, économie d’énergie… »
Source : Françoise Foucher. Suède. 50 millions d’euros dans une usine à Kalmar. La revue de l’alimentation animale. Septembre 2015. Mensuel n°689. p96-98.